dimanche 24 février 2013

Une autre façon de réviser

[Ce billet a été rédigé par Kebens, un élève-avocat rencontré sur le réseau social Twitter. Il m'a proposé de partager son expérience sur la préparation à l'examen d'entrée à l'EDA qui est différente de la mienne et c'est avec un réel plaisir que j'ai accepté de publier son billet.]


Comme Petit Avocat l’a déjà exposé précédemment dans les pages de ce blog, il n’y a pas une recette miracle pour préparer l’examen du CRFPA. En réalité, de nombreux paramètres pouvant être modulés par les étudiants, c’est à chacun de faire ses propres choix, et donc, sa propre recette.


Lecteur de ce blog, j’ai ainsi pu suivre la préparation de Petit Avocat à cet examen, notant cependant de nombreuses différences avec ma propre approche. En contact via Twitter, je lui ai proposé d’exposer mon expérience sur son blog, à l’occasion de ce billet qui, je l’espère, contribuera à enrichir l’information déjà dense que propose ce blog concernant le CRFPA et les IEJ. Je le remercie au passage pour son hospitalité !


J’ai choisi de passer cet examen à l’issue de mon Master 2, qui était un Master généraliste de droit des affaires assez dense. J'ai donc commencé à réviser l'examen seulement début juillet.

Commençant une formation en école de commerce le 9 septembre à Paris, mon timing était donc plus que serré. C’est là que la théorie dite «des choix stratégiques» entre en jeu (il y a autant de stratégies chez les étudiants en droit que de sélectionneurs nationaux chez les amateurs de foot).



Le choix des matières

Pour ce qui est des matières écrites, j'avais pris droit commercial, pour avoir fait beaucoup de droit des sociétés - matière large, peut-être la plus large des 11 proposées, mais celle qui m’intéressait le plus.

Premier conseil, donc : vous allez passer du temps sur vos révisions, surtout pour les écrits, donc prenez quelque chose que vous avez vraiment envie d'apprendre, ou à défaut que vous n’allez pas détester au bout d'une semaine.

Comme procédure, la pénale l’a emporté sur la civile. Pour la même raison que le droit commercial (intérêt pour la matière), mais également d’un point de vue stratégique, dans la mesure où beaucoup du programme de procédure pénale se retrouve en libertés fonda, pour le grand O (garde à vue, procès équitable,...).

À vous de mettre les différents intérêts en balance, sachant quand même que se lancer en procédure pénale sans trop savoir ce que c'est, ça peut être dangereux aussi... donc le fait d'avoir vu auparavant les matières entre en compte.

Une certaine cohérence avec votre projet futur entre aussi en jeu, à mon sens : quitte à explorer à fond une matière, à y passer du temps, autant que celle-ci vous serve plus tard. Certaines de mes connaissances prenaient famille ou patrimonial à l’écrit, arguant que le programme est moins long et plus facile - quand bien même ils comptaient plus tard exercer en droit des affaires.



Pour ce qui est des matières de orales, j'avais pris droit social (matière importante de mon M2), et je m'étais fait dispenser de tout ce qui était possible, à cause du timing serré qu’il me fallait affronter (je devais suivre les cours de mon école en même temps que réviser les oraux).

Si néanmoins vous êtes à l'aise en finances publiques ou en voies d'ex, ça peut être stratégique de les prendre : un 11 ou 12 dans chacune des deux matières peuvent vous sauver d'un mauvais grand O par exemple. N’hésitez à vous renseigner à propos du niveau demandé dans l'IEJ où vous êtes inscrit en revanche (il y a certains IEJ où la compta est relativement facile et où ça vaut le coup de la prendre même sans en avoir énormément fait).


Le temps que vous aurez entre les écrits joue également beaucoup : entre Angers et Assas, il y a plus d’un mois de différence. Les révisions s’en ressentent...


En revanche, contrairement aux écrits : prenez de préférence ce que vous aimez, mais pas forcément - vous n’y passerez pas autant de temps que pour les écrits, et la sélection se fait moins à l'oral qu'à l'écrit. Il peut donc être plus intéressant et rassurant de choisir une matière comme famille ou patrimonial, où si les chances de briller sont moindres, l'assurance de limiter la casse est plus certaine avec un travail sérieux.


Le choix de la prépa                                


Une nouvelle fois je parle ici de mon expérience perso, mais pour en dégager un conseil général : faites votre prépa à la carte. S’il est vrai que la première pensée à l’évocation d’une prépa privée est en général son coût important, cette barrière peut être nuancée grâce à la confection d’un support plus «light», qui peut vous apporter une immense aide dans la canalisation de votre effort pendant tout un été.


Par exemple, n’ayant pas du tout envie d'être dans une classe avec 30 autres candidats tout l'été, avec un rythme et des déplacement imposés, j'ai décidé de ne prendre que les supports de cours proposés par la prépa d’un éditeur juridique très connu des étudiants, avec l'actualisation qui va avec (une newsletter papier envoyée chaque mois et également disponible sur internet). Les supports ne reprennent pas tout, mais permettent néanmoins rapidement de connaitre la plupart du programme. 

J'ai affiné cet apprentissage en parallèle avec des livres et surtout le code, principalement pour compléter tel ou tel point que je sentais ne pas suffisamment maîtriser. Pour ce qui est de l’apprentissage théorique pur, donc, cette technique permet de ne pas s’éparpiller dans les recherches et la collecte de cours, tout en vous laissant très autonome sur la gestion de votre temps - pour certains cependant, ce facteur peut être vu comme un danger. Il a également comme autre avantage, par rapport aux cours proposés par les prépas, de ne pas vous faire subir les discours de certains candidats aimant annoncer à la ronde qu’ils sont super en avance sur le programme, ou qu’ils ne comprennent pas tel ou tel point dont vous n’avez jamais entendu parler (et qu’eux-mêmes auront sans doute oublié le lendemain).


Pour les exams blancs, ceux proposés par l'IEJ pendant l'année peuvent, à mon sens, suffire. Néanmoins, vous pouvez ressentir le besoin d’en faire plus pendant l’été, ou tout simplement ne pas avoir eu le temps de suivre l’IEJ pendant l’année universitaire.

Dans ce cas, certaines prépas offrent également à un coût moindre que les galops blancs « sur place » la possibilité de composer chez soit, en toute autonomie, des galops qui sont ensuite corrigés à distance.

Couplés au système de révision «en autonomie», les examens à distance permettent également de s’organiser sans les contraintes inhérentes à ce type de service : pas de déplacement, un rythme plus souple (en général vous avez une date butoir avant laquelle rendre sa copie). La même rigueur est en revanche demandée.

Avantages : 
N'ayant pas de cours, et donc pas d’impératifs sur place, il est possible de changer d’environnement de révisions. Changer de lieux permet rythmer l’été, et donc de tenir aussi un peu mieux.
Ce système a aussi l’intérêt d’être moins coûteux, et de vous laisser libre de votre organisation.

Inconvénients : 
Il convient ici d’admettre que cette organisation correspond à des étudiants qui bossent mieux seuls qu'avec des gens, et qui se font sans problème à l’autonomie complète. En plein été, c'est tentant de dormir jusqu'à 9-10h quand aucun cours à 8h ne vous attend...
 Idem pour ce qui est du contact : ce système peut conduire à être H24 dans sa chambre sans voir personne. Ça peut rendre fou, n’hésitez pas à prendre un peu l’air quand même - mais pas trop :)
Enfin, cette quasi-autarcie donne peu de repères par rapport au programme (surtout si vous voyez peu de «préparants», et qu'aucune prépa n’est là pour vous dire que la semaine prochaine il faudra avoir vu tel thème). Mais une nouvelle fois, ça se gère avec un peu d'organisation.



Pour conclure

Cet examen est un marathon, et il faut veiller à ne pas se laisser déborder par la masse de travail demandée. Quoi qu’il en soit, on ne se sent jamais vraiment prêt, car il est impossible de l’être à 100%. Dites vous que c'est pareil, voire pire, pour les autres !


Personnellement, je pense que l’organisation fait 50% du résultat final, et que la chance y a son rôle à jouer. C'est donc bien de s'y prendre tôt, de se lancer en ayant le sentiment d'avoir fait les bons choix de matières, pour ne plus hésiter ou regretter, de bien s'organiser l'été pour avoir l'esprit libre et de pas hésiter à bouger pour aller réviser (maison de campagne, chez des potes, etc), du moins si vous ne choisissez pas la prépa sur place. Le cadre général de vos révisions vous aidera énormément à tenir le coup, c’est donc aussi quelque chose qui se prépare.

Ah, tiens, avant de vous laisser : que vous ayez déjà commencé vos révisions, ou que vous ayez décidé de vous y mettre début juillet, le grand O se révise à partir de... Maintenant ! Lisez les journaux, les blogs juridiques, en vous demandant à chaque fois quelle liberté est concernée (c’est presque toujours le cas quand on y regarde de plus près). Même des infos minimes peuvent vous resservir au sein de sujets qui peuvent ne pas vous inspirer du tout.




Bonne chance et surtout... Bon courage !