samedi 21 septembre 2013

Point vocabulaire : des différents usages de l'acronyme CRFPA


Il paraît que les cordonniers sont les plus mal chaussés... C'est également vrai pour les juristes. Le juriste se veut rigoureux et apprécie par conséquent un usage adéquat de la langue française. Il en va toutefois différemment lorsqu'il s'agit de l'emploi de l'acronyme « C.R.F.P.A. ».

Loin de moi l'idée de donner une leçon de vocabulaire à mes pairs par ce billet ; j'apprécie cette erreur qui prouve que les juristes sont finalement humains ! Il était permis d'en douter...

L'acronyme CRFPA signifie « Centre Régional de Formation Professionnelle des Avocats ».

Lorsqu'un juriste dit qu'il « prépare/passe le CRFPA », il fait en réalité référence à l'examen d'entrée dans un CRFPA. Les étudiants passent cet examen au sein d’un Institut d’Études Judiciaires (IEJ – j'ai expliqué ce qu'on y faisait ici).

C'est notamment pourquoi mon billet intitulé Le CRFPA en gifs concerne la préparation et le passage de l'examen à l'IEJ, et non la scolarité à l'Ecole des avocats (EDA).

Le « CRFPA » est donc employé pour désigner à la fois le centre de formation et l'examen permettant d'y accéder.

Cette confusion s'explique à mon sens par l’histoire de la formation professionnelle des avocats.

Les Centres de Formation Professionnelle des Avocats (CFPA) ont été créés par la loi du 31 décembre 1971. Avant, point de formation professionnelle obligatoire, outre le fameux « stage ».

S’il y avait un CFPA par ressort de Cour d’appel, dès 1971, les CFPA limitrophes avaient la possibilité de se regrouper en CRFPA.

C’est la loi du 11 février 2004 qui a opéré le regroupement actuel des CFPA en CRFPA, et en ramenant leur nombre à 15 (seuls 11 ont néanmoins en charge la formation initiale, sur le territoire métropolitain uniquement).

En 2008, le Conseil National des Barreaux (CNB) a décidé de renommer les CRFPA « Écoles des avocats » (EDA – j'ai déjà évoqué que le mot école est très en vogue ici).

En revanche, l'examen d'entrée est toujours appelé par les Facultés de Droit « Examen d'entrée dans un CRFPA ».

That's all folks!


NB : pour l'amour de Portalis, arrêter d'employer l'expression « préparer/passer le Barreau » en référence au CRFPA à l'examen d'entrée dans une école d'avocats ! Cela fait extrêmement prétentieux car le réel examen du Barreau est celui de fin de scolarité à l'EDA permettant d'obtenir le CAPA (certificat d'aptitude à la profession d'avocat) et donc de prêter serment et de s'inscrire dans un Barreau. Merci.

jeudi 29 août 2013

Les six derniers mois d'école du reste de votre vie

[Ce billet a été rédigé par Petite Juriste, une élève-avocate à qui j'ai proposé de partager son expérience sur la scolarité à l'EDA.]




« Le rêve d'une quête spirituelle que chacun de nous peut entreprendre, l'incitation à suivre son rêve pour y trouver sa vérité » (Paolo Coelho)

Quelle « grande » phrase pour dire poétiquement « P***** ! J'y suis, j'ai eu le CRFPA ; à moi l'école des avocats ! »

Six mois d'école des avocats c'est quoi ?



Chapitre 1 : N.O.N. les cours ne sont pas finis !


Six mois d'école, encore les six derniers petits mois de votre vie !

Six mois d'école, c'est découvrir de nouvelles procédures. Etant pénaliste, la procédure civile vite fait abordée en M1 ne me parlait plus ; la procédure administrative encore moins, traumatisée par ma deuxième année en droit administratif.


Six mois d'école d'avocats, c'est aussi découvrir le « Saint Graal » de notre future profession : la dé-on-to-lo-gie, petite bête curieuse, pour laquelle je ne comprends strictement rien et dont quelques avocats m'ont confié ne servir à rien, je verrai bien en pratique comment jauger la bête !

Six mois d'école des avocats, c'est aussi réaliser une future « concurrence », se dire « et merde y'a autant de pénalistes que ça ?! ».

(note pour moi-même « comment vais-je faire pour mes stages obligatoires ??? »)

Six mois d'école des avocats, c'est du stress et de la fatigue, quand l'école ne se situe pas dans notre ville étudiante d'origine. Nous, nous étions à 2h de route de la-dite école ! Et bah c'est pas de la tarte ! Levée à 5h30 tous les lundis matin et se taper un hôtel au rabais, (bah oui déjà que l'école coûte 1 800 € on va quand même pas se prendre un 4 étoiles !).


Chapitre 2 : Des rencontres inoubliables

Des rencontres inoubliables dans ce « melting potes » de personnes venues des 4 coins des barreaux de France et de Navarre !

Des rencontres dans les échanges, la fête, les soirées, les fous rires, la complicité... Nous sommes tous égaux, nous allons embrasser une carrière que l'on a choisi dans des domaines différents... De l'échange, de l'écoute, de la découverte, et le partage d'une envie commune de réussir tranquillement sans se prendre la tête.

Je conseille à tous les futurs élèves avocats de s'investir dans leur école : les élèves avocats d'aujourd'hui sont nos confrères de demain et, honnêtement, j'espère et je sais que je reverrai beaucoup d'entre eux. Si j'ai bien réussie à capter un truc en déontologie c'est bien cela : entretenir de bons rapports (et cela est encore mieux lorsque ce n'est pas forcé).

Et j'ai un second conseil : fuyez les relous ! Oui il y a des cons partout (lol), certaines personnes étant là pour briller (pourquoi je n'en sais rien). Ce sont les six derniers mois d'école de votre vie ! Ce sont les derniers moments entièrement consacrés à juste être étudiant, sans se soucier des broutilles de la vie courante et des aléas d'une vie professionnelle qui s'avère beaucoup plus lourde et compliquée que l'on peut le penser !


Chapitre 3 : l'apothéose, la fin des cours

« Mais oui mais oui l'école est finie »

E.N.F.I.N. ! Depuis déjà quelques années bon nombre d'entre nous désespèrent de voir leurs potes bosser depuis déjà un bail et ne plus galérer avec un job étudiant pourris pour payer le loyer ! Nous y arrivons...

L'A.P.O.T.H.E.O.S.E. : le GALA de fin d'année.

Dans mon école, ce qui est franchement génial, c'est qu'il y a une journée consacrée à cette dernière étape de l'école qui organise un concours de plaidoirie et d'éloquence avant le gala. J'étais finaliste du concours d'éloquence et je pense réellement que cela apporte un plus à cette dernière journée, une émotion particulière inoubliable et gravée dans ma mémoire à jamais.

En effet, quand on participe à un concours comme cela, il y a tout d'abord le soutien de tes potes, et ça c'est hyper important et le soutien ainsi que la solidarité entre les finalistes du concours. Il y a vraiment une complicité naturelle qui s'établie avec des gens que tu n'as pas eu l'occasion de croiser énormément durant l'année.

Puis, le GALA ! Notre GALA. Celui des élèves-avocats, celui qui promet beaucoup et tient toutes ses promesses. Celui où on se sent appartenir à quelque chose ; rien d'important, juste des étudiants pour qui la vraie vie commence - si je puis me permettre -, qui savent pertinemment qu'une fois le week-end passé ils vont commencer leur PPI et tenter d'être à la hauteur, des étudiants qui goûteront dès le lundi matin à la vie professionnelle.

Du coup, c'est la beuverie assurée, sans complexes, sans jugement. Chacun est libre de faire ce qu'il veut, les nanas super bien sappées en tenue de soirée et les messieurs en costards nœuds pap'... J'adore :) et tout ce petit monde festoie ensemble en pleine insouciance !

BREF, pour tous les futurs élèves-avocats, que ces six mois soient beaux, délirants, et heureux !

Bon vent à vous !

dimanche 28 juillet 2013

L'Ecole des Avocats : acquisition des fondamentaux ?

La première période de six mois de la formation initiale des avocats débute par des cours afin d'acquérir les fondamentaux de l'exercice professionnel.

Les 11 écoles dispensant la formation initiale s'organisent assez différemment ; je vais donc tenter de résumer de manière générale (et éviter de griller mon pseudonymat par la même occasion).

Outre les cours, il y a un pré-stage en cabinet d'avocats à effectuer, précédé de la prestation dit du « petit serment », et il est possible de participer au concours de plaidoiries de l'école (et/ou au concours d'éloquence).

Je vais m'efforcer d'être le plus objectif sans oublier le récent projet de réforme de la formation émis par le Conseil National des Barreaux (CNB).


Les cours fondamentaux stricto sensu

Dans mon école, nous étudions régulièrement les trois procédures (civile, pénale et administrative), la déontologie ainsi que la plaidoirie. Nous avons de façon ponctuelle des cours optionnels. A ce titre nous avons le choix entre trois parcours : droit des affaires, droit des personnes et droit public. Ces cours font l'objet d'évaluations. Et enfin, nous étudions la langue de Shakespeare en e-learning ! 

Avant de commencer l'EDA, j'ai entendu et lu beaucoup de critiques sur cette formation professionnelle. Enfin, surtout sur l'EFB... Si certaines sont certainement exagérées, une réforme de la formation est absolument nécessaire.

En effet, la qualité des cours dépend largement de l'intervenant. La plupart sont avocats (encore heureux) mais tous n'ont pas pris la mesure de l'attente des élèves ayant subi quatre années minimum de cours à la Fac.

Assez de théorie, nous voulons de la pratique, des mises en situations, des conseils pragmatiques !

Ceux qui pensent encore qu'il est utile à l'EDA de subir des cours académiques et théoriques se trompent lourdement. Nous avons tous obtenu l'examen d'entrée et sommes par conséquent tous capables d'ouvrir un bouquin, de surfer sur une base de données juridiques et d'appréhender par nous même une matière juridique.

Certains avocats cependant ont réussi a nous inculquer des réflexes en nous délivrant des conseils pratiques et/ou en nous entraînant sur des cas concrets. Ainsi, les cours de plaidoirie ont été très enrichissant pour moi et je considère qu'ils sont trop peu.

Certains de mes camarades ont cru considérer au départ que ces cours n'étaient plus si utiles ; ceci eu égard, d'une part, à l'évolution de la pratique judiciaire entraînant une augmentation des procédures écrites ayant pour corollaire une diminution des procédure orales et, d'autre part, à l'absorption des conseils juridiques. Pourtant, très vite, ils ont compris que l'on ne plaide pas que devant le juge mais aussi devant ses clients, son maître de collaboration et ses associés, ses confrères...

De même, certains avocats nous ont appris à recevoir un client ou bien à écrire à celui-ci mais aussi aux confrères et aux adversaires. Ils nous ont appris comment lire un dossier de façon efficace et notamment comment repérer rapidement les nullités pénales.

Si les cours de déontologies ont pu être fastidieux et académiques, il n'en reste pas moins qu'ils sont un prérequis indispensable pour l'exercice de la profession d'avocat.

Selon moi, la programme de cours est à revoir sur le modèle des épreuves du CAPA. Il faut créer des parcours spécialisés et pourquoi pas des écoles au moins partiellement spécialisées.

Le pur généraliste est mort ou est promis à une mort certaine. Notre génération doit oublier ce mode d'exercice XIX-XXème siècle, tout comme il doit oublier l'exercice strictement individuel (un cabinet, un avocat). Il le doit à ses clients car rares sont les génies capables de tout connaître. Pour appréhender efficacement le Droit actuel, obèse, il faut se concentrer sur un minimum de domaines.

Bienvenue dans le XXIème siècle : des avocats spécialisés exerçant collectivement.


Le petit serment

Nous nous sommes tous déplacés à la Cour d'appel de notre EDA pour prêter ce petit serment qui concerne le secret professionnel.

Cela peut paraître stupide, mais bien que cet événement est très cours il est extrêmement important et aussi très émouvant.

Il est très important car le serment d'avocat ne fait pas référence au secret professionnel, c'est donc ce petit serment en tant qu'élève-avocat qui, malgré ses termes, nous liera tout au long de notre vie professionnelle d'avocat.

Il est très émouvant car c'est un peu le pré-Serment comme l'examen d'entrée est le pré-CAPA. Tous (plus ou moins) biens habillés nous étions dans la salle des assises prêt à gravir une marche supplémentaire vers l'avocature.

Le petit serment fait l'objet d'une véritable audience publique – avec un Président, deux Conseillers, un Avocat Général et un Greffier – à l'issue de laquelle il est dressé un procès-verbal.

Le Président après avoir déclaré l'audience ouverte, donne la parole à l'Avocat Général afin qu'il prononce ses réquisitions aux fins de prestation de serment des élèves-avocat.

Le petit bémol c'est que le petit serment est prononcé par le Président et non les élèves-avocat ; en ces termes :

« Je jure de conserver le secret de tous les faits et actes dont j'aurai eu connaissance en cours de formation ou de stage ».

Ensuite, chacun notre tour, nous nous sommes levés à l'appel de notre nom, nous avons levé la main droite et dit :

« Je le jure ».


Le stage « découverte » ou « pré-stage »

L'élève-avocat doit dès les cours fondamentaux effectuer un stage dans un cabinet d'avocats (ou en dehors s'il le souhaite et justifie d'une expérience en cabinet).

Ce stage est d'une durée de deux semaines à six semaines selon les écoles, il me semble.

Ce stage peut permettre de trouver son stage en cabinet d'avocats de six mois (la troisième période de la formation professionnelle, dite aussi « stage final »).

Les écoles sont organisées différemment mais la plupart permettent d'avoir un stage en alternance ou un emploi étudiant (le dernier). J'écris « la plupart » car selon l'organisation des cours cela est plus ou moins possible, voire parfois interdit (ce qui est proprement scandaleux). Jeunes CRFPistes, renseignez-vous !

Parlons vrai (c'est à la mode) et causons donc rémunération (pardon... « gratification ») : en tant qu'élève-avocat, le stage en cabinet est gratifié selon le nombre de salariés dans le cabinet (hors avocats et personnel d'entretien ; donc les juristes, secrétaires et assistants).

Pour information, voici les montants de la gratification pour un mois de stage à temps complet :



Outre l'aspect financier et la prospection du stage final, un stage de six mois en alternance permet d'acquérir une première expérience non négligeable. J'écris « première expérience » car le « statut » de stagiaire est différent selon que l'on est étudiant ou élève-avocat, ne serait-ce que parce que les avocats vous considèrent réellement comme leur futur Confrère.

C'est aussi l'occasion de tester la taille et le type d'organisation de Cabinet dans lequel on souhaite exercer. L'exercice professionnel peut en effet être sensiblement différent.


Le concours de plaidoiries

Chaque école (ou l'association des élèves-avocat) organise un concours de plaidoirie et/ou un concours d'éloquence dont le lauréat participe au concours de plaidoiries des élèves-avocat du Mémorial de CAEN.

Ce concours peut prendre différentes formes :
  • Un discours sur un cas de violation individuelle des droits de l'Homme sur le modèle de la finale nationale à Caen (c'est le cas notamment à RENNES ainsi qu'à BORDEAUX pour la finale régionale) ;
  • Une plaidoirie sur la base d'un vrai dossier (c'est le cas notamment à POITIERS) ;
  • Un discours sur un sujet type « Conférence du Stage » (c'est le cas notamment pour les sélections à BORDEAUX et à POITIERS il y a un concours d'éloquence en plus du concours de plaidoiries).


Le projet de réforme du Conseil National des Barreaux

Le CNB, réuni en assemblée générale les 14 et 15 juin 2013, a décidé d’adresser à la concertation de la profession un rapport d’étape de sa Commission formation sur les propositions de réforme de la formation initiale dispensée par les CRFPA. La résolution du CNB est consultable ici, pour le rapport d'étape, il faut malheureusement être avocat pour le consulter.

Cette résolution porte sur l'examen d'entrée à l'EDA (j'y reviendrai certainement dans un prochain billet) sur la formation initiale des avocats ainsi que sur le système d'allocation de bourses.

Concernant la formation initiale, voici les modifications souhaitées par le CNB :

  1. Enseignements strictement consacrés à la pratique professionnelle : Hell Yeah ! ;

  2. Renforcement du contrôle continu et allègement de l'examen de sortie axés sur la déontologie et la pratique professionnelle : Hip hip hip, Hourra ! ;

  3. Durée de la formation réduite de 18 à 12 mois (chacune des trois périodes étant par conséquent réduites de 6 à 4 mois). Le PPI deviendrait facultatif ainsi l'élève-avocat aurait le choix entre 4 mois de PPI et 4 mois de stage en cabinet d'avocats ou 8 mois en cabinet d'avocats : A propos de la durée de la formation sur un an, il s'agit d'un retour en arrière... nécessaire ! La formation est actuellement trop longue et place nombre d'élèves-avocat dans une situation financière précaire. De même, rendre le PPI facultatif est absolument nécessaire (j'y reviendrai lors du billet le concernant). Cependant, je suis sceptique sur le le fait d'effectuer un stage en cabinet d'avocats sur uniquement 4 mois. Il me semble que le PPI peut être intéressant dans certains cas et que cela placerait ceux qui opteraient pour cette expérience dans une situation inconfortable : un stage de 4 mois en cabinet est insuffisant. A mon sens, une période de 3 mois de cours à plein temps serait suffisant ; ils pourraient être suivis de 3 mois de PPI (facultatif mais permettant d'en obtenir un gratifié) puis de 6 mois de stage en cabinet d'avocats ;

  4. Obligation de n'exercer qu'en tant qu'avocat collaborateur (libéral ou salarié) durant un ou deux ans après la prestation de serment sous la responsabilité d'un avocat référent : C'est aussi un retour en arrière sur le modèle de l'ancien « Stage ». Actuellement, il est possible pour un avocat de s'installer après l'obtention du CAPA et sa prestation de serment. Cela est bien entendu quasiment suicidaire. Je ne suis toutefois pas certain qu'obliger les jeunes avocats à trouver un contrat soit la meilleure solution. Cela replace le jeune avocat dans une situation inégalitaire par rapport à ses confrères et si certains veulent tenter leur chance, libres à eux. Surtout, le jeune avocat sera nécessairement moins opérationnel. Cela explique toutefois la limitation du stage en cabinet à 4 mois ;

  5. Augmentation du plafond d'allocation des bourses : c'est une excellente idée car l'attribution est très restreinte ; ceux l'obtenant étant dans une situation financière très difficile (moins de 7 000 € de revenus – prenant en compte le revenu des parents, même si l'élève est détaché de leur foyer fiscal). Le plafond serait élevé à 12 000 €. Cependant, les frais d'inscription seraient aussi augmentés. Si je suis très favorable à une augmentation de ce plafond ce n'est pas la seule nécessité, il faut créer des paliers ! En effet, actuellement, soit l'élève n'est pas boursier et il paie les frais d'inscription (2 000 € au total - 1 600 € de frais d'inscription auxquels il faut ajouter 200 € de frais de sécurité sociale par an) ; soit l'élève est boursier et il ne paie pas les frais d'inscription et se voit allouer une bourse (2 881,28 € par élève pour l'année 2013). La bourse est la même pour tous. Les étudiants à la limite de ce plafond sont donc placés dans une situation très inégalitaire ; l'augmentation des frais ne fera que renforcer cette inégalité. Il est aussi scandaleux que les élèves-avocat ne puissent pas recevoir de bourses de l'enseignement supérieur alors même que les étudiants viennent de l'Université alors que les étudiants de certaines école de commerce en reçoivent. Alors, oui, je sais, l'EDA est un centre de formation professionnelle et non pas un établissement d'enseignement supérieur diplômant. Il est à mon sens inacceptable que les avocats soient lâchés par l'Etat concernant le financement de la formation, surtout initiale. 


Acquisition des fondamentaux ?

Le paradoxe de l'EDA est que ce fameux Centre Régional de Formation Professionnelle des Avocats est trop peu pratique. Il est grand temps de nous donner envie d'assister aux cours plutôt que de nous y forcer en fliquant notre présence. Il est grand temps que l'absentéisme ne soit pas sanctionné par un quelconque stratagème administratif mais par un « manque à gagner en connaissance ».

Comment se fait-il qu'en sortant de l'EDA nous ne sachions pas comment se faire payer à l'AJ (remplir le formulaire, calculer un AJ partiel...), comment formaliser nos factures d'honoraires, comment effectuer notre comptabilité... Sans compter tout ce que je vais découvrir dans les prochains mois... Cela me fait rager d'avance de penser qu'en 6 mois, j'aurais du apprendre tellement plus !

Nous voulons devenir des avocats et nous le voulons le plus tôt possible. Oui à la formation, mais de qualité.

Quoiqu'il en soit, ces six mois sont une période transitoire entre l'ère universitaire et l'ère professionnelle ; c'est l'occasion de prendre conscience du futur métier qui sera le nôtre et du sacerdoce que signifie être un auxiliaire de Justice. C'est le moment de réaliser que nous entrons réellement dans cette magnifique profession. Savourons ces instants de découvertes... Ne boudons pas notre plaisir ! Nous avons réussis, nous y sommes presque...

A vos marques !


*

Pour aller plus loin :

dimanche 24 février 2013

Une autre façon de réviser

[Ce billet a été rédigé par Kebens, un élève-avocat rencontré sur le réseau social Twitter. Il m'a proposé de partager son expérience sur la préparation à l'examen d'entrée à l'EDA qui est différente de la mienne et c'est avec un réel plaisir que j'ai accepté de publier son billet.]


Comme Petit Avocat l’a déjà exposé précédemment dans les pages de ce blog, il n’y a pas une recette miracle pour préparer l’examen du CRFPA. En réalité, de nombreux paramètres pouvant être modulés par les étudiants, c’est à chacun de faire ses propres choix, et donc, sa propre recette.


Lecteur de ce blog, j’ai ainsi pu suivre la préparation de Petit Avocat à cet examen, notant cependant de nombreuses différences avec ma propre approche. En contact via Twitter, je lui ai proposé d’exposer mon expérience sur son blog, à l’occasion de ce billet qui, je l’espère, contribuera à enrichir l’information déjà dense que propose ce blog concernant le CRFPA et les IEJ. Je le remercie au passage pour son hospitalité !


J’ai choisi de passer cet examen à l’issue de mon Master 2, qui était un Master généraliste de droit des affaires assez dense. J'ai donc commencé à réviser l'examen seulement début juillet.

Commençant une formation en école de commerce le 9 septembre à Paris, mon timing était donc plus que serré. C’est là que la théorie dite «des choix stratégiques» entre en jeu (il y a autant de stratégies chez les étudiants en droit que de sélectionneurs nationaux chez les amateurs de foot).



Le choix des matières

Pour ce qui est des matières écrites, j'avais pris droit commercial, pour avoir fait beaucoup de droit des sociétés - matière large, peut-être la plus large des 11 proposées, mais celle qui m’intéressait le plus.

Premier conseil, donc : vous allez passer du temps sur vos révisions, surtout pour les écrits, donc prenez quelque chose que vous avez vraiment envie d'apprendre, ou à défaut que vous n’allez pas détester au bout d'une semaine.

Comme procédure, la pénale l’a emporté sur la civile. Pour la même raison que le droit commercial (intérêt pour la matière), mais également d’un point de vue stratégique, dans la mesure où beaucoup du programme de procédure pénale se retrouve en libertés fonda, pour le grand O (garde à vue, procès équitable,...).

À vous de mettre les différents intérêts en balance, sachant quand même que se lancer en procédure pénale sans trop savoir ce que c'est, ça peut être dangereux aussi... donc le fait d'avoir vu auparavant les matières entre en compte.

Une certaine cohérence avec votre projet futur entre aussi en jeu, à mon sens : quitte à explorer à fond une matière, à y passer du temps, autant que celle-ci vous serve plus tard. Certaines de mes connaissances prenaient famille ou patrimonial à l’écrit, arguant que le programme est moins long et plus facile - quand bien même ils comptaient plus tard exercer en droit des affaires.



Pour ce qui est des matières de orales, j'avais pris droit social (matière importante de mon M2), et je m'étais fait dispenser de tout ce qui était possible, à cause du timing serré qu’il me fallait affronter (je devais suivre les cours de mon école en même temps que réviser les oraux).

Si néanmoins vous êtes à l'aise en finances publiques ou en voies d'ex, ça peut être stratégique de les prendre : un 11 ou 12 dans chacune des deux matières peuvent vous sauver d'un mauvais grand O par exemple. N’hésitez à vous renseigner à propos du niveau demandé dans l'IEJ où vous êtes inscrit en revanche (il y a certains IEJ où la compta est relativement facile et où ça vaut le coup de la prendre même sans en avoir énormément fait).


Le temps que vous aurez entre les écrits joue également beaucoup : entre Angers et Assas, il y a plus d’un mois de différence. Les révisions s’en ressentent...


En revanche, contrairement aux écrits : prenez de préférence ce que vous aimez, mais pas forcément - vous n’y passerez pas autant de temps que pour les écrits, et la sélection se fait moins à l'oral qu'à l'écrit. Il peut donc être plus intéressant et rassurant de choisir une matière comme famille ou patrimonial, où si les chances de briller sont moindres, l'assurance de limiter la casse est plus certaine avec un travail sérieux.


Le choix de la prépa                                


Une nouvelle fois je parle ici de mon expérience perso, mais pour en dégager un conseil général : faites votre prépa à la carte. S’il est vrai que la première pensée à l’évocation d’une prépa privée est en général son coût important, cette barrière peut être nuancée grâce à la confection d’un support plus «light», qui peut vous apporter une immense aide dans la canalisation de votre effort pendant tout un été.


Par exemple, n’ayant pas du tout envie d'être dans une classe avec 30 autres candidats tout l'été, avec un rythme et des déplacement imposés, j'ai décidé de ne prendre que les supports de cours proposés par la prépa d’un éditeur juridique très connu des étudiants, avec l'actualisation qui va avec (une newsletter papier envoyée chaque mois et également disponible sur internet). Les supports ne reprennent pas tout, mais permettent néanmoins rapidement de connaitre la plupart du programme. 

J'ai affiné cet apprentissage en parallèle avec des livres et surtout le code, principalement pour compléter tel ou tel point que je sentais ne pas suffisamment maîtriser. Pour ce qui est de l’apprentissage théorique pur, donc, cette technique permet de ne pas s’éparpiller dans les recherches et la collecte de cours, tout en vous laissant très autonome sur la gestion de votre temps - pour certains cependant, ce facteur peut être vu comme un danger. Il a également comme autre avantage, par rapport aux cours proposés par les prépas, de ne pas vous faire subir les discours de certains candidats aimant annoncer à la ronde qu’ils sont super en avance sur le programme, ou qu’ils ne comprennent pas tel ou tel point dont vous n’avez jamais entendu parler (et qu’eux-mêmes auront sans doute oublié le lendemain).


Pour les exams blancs, ceux proposés par l'IEJ pendant l'année peuvent, à mon sens, suffire. Néanmoins, vous pouvez ressentir le besoin d’en faire plus pendant l’été, ou tout simplement ne pas avoir eu le temps de suivre l’IEJ pendant l’année universitaire.

Dans ce cas, certaines prépas offrent également à un coût moindre que les galops blancs « sur place » la possibilité de composer chez soit, en toute autonomie, des galops qui sont ensuite corrigés à distance.

Couplés au système de révision «en autonomie», les examens à distance permettent également de s’organiser sans les contraintes inhérentes à ce type de service : pas de déplacement, un rythme plus souple (en général vous avez une date butoir avant laquelle rendre sa copie). La même rigueur est en revanche demandée.

Avantages : 
N'ayant pas de cours, et donc pas d’impératifs sur place, il est possible de changer d’environnement de révisions. Changer de lieux permet rythmer l’été, et donc de tenir aussi un peu mieux.
Ce système a aussi l’intérêt d’être moins coûteux, et de vous laisser libre de votre organisation.

Inconvénients : 
Il convient ici d’admettre que cette organisation correspond à des étudiants qui bossent mieux seuls qu'avec des gens, et qui se font sans problème à l’autonomie complète. En plein été, c'est tentant de dormir jusqu'à 9-10h quand aucun cours à 8h ne vous attend...
 Idem pour ce qui est du contact : ce système peut conduire à être H24 dans sa chambre sans voir personne. Ça peut rendre fou, n’hésitez pas à prendre un peu l’air quand même - mais pas trop :)
Enfin, cette quasi-autarcie donne peu de repères par rapport au programme (surtout si vous voyez peu de «préparants», et qu'aucune prépa n’est là pour vous dire que la semaine prochaine il faudra avoir vu tel thème). Mais une nouvelle fois, ça se gère avec un peu d'organisation.



Pour conclure

Cet examen est un marathon, et il faut veiller à ne pas se laisser déborder par la masse de travail demandée. Quoi qu’il en soit, on ne se sent jamais vraiment prêt, car il est impossible de l’être à 100%. Dites vous que c'est pareil, voire pire, pour les autres !


Personnellement, je pense que l’organisation fait 50% du résultat final, et que la chance y a son rôle à jouer. C'est donc bien de s'y prendre tôt, de se lancer en ayant le sentiment d'avoir fait les bons choix de matières, pour ne plus hésiter ou regretter, de bien s'organiser l'été pour avoir l'esprit libre et de pas hésiter à bouger pour aller réviser (maison de campagne, chez des potes, etc), du moins si vous ne choisissez pas la prépa sur place. Le cadre général de vos révisions vous aidera énormément à tenir le coup, c’est donc aussi quelque chose qui se prépare.

Ah, tiens, avant de vous laisser : que vous ayez déjà commencé vos révisions, ou que vous ayez décidé de vous y mettre début juillet, le grand O se révise à partir de... Maintenant ! Lisez les journaux, les blogs juridiques, en vous demandant à chaque fois quelle liberté est concernée (c’est presque toujours le cas quand on y regarde de plus près). Même des infos minimes peuvent vous resservir au sein de sujets qui peuvent ne pas vous inspirer du tout.




Bonne chance et surtout... Bon courage !